La roadmap, boussole de la DSI numérique

Si la pratique de la roadmap est très largement répandue chez les constructeurs et les éditeurs de logiciels, elle est, curieusement, peu développée au sein des DSI. C’est pourtant un exercice utile pour donner de la visibilité à ce que fait la DSI, à la fois pour les collaborateurs de l’entité et pour les clients, qu’il s’agisse des métiers ou de la DG.

La roadmap est à l’industrie informatique ce qu’est la truelle pour le maçon ou le marteau pour le charpentier : un outil incontournable. A toutes les phases de la vie d’un produit IT, il existe une roadmap :

  • au moment de la conception pour déterminer la cible marché et les services rendus
  • au moment du développement pour lister les fonctionnalités à réaliser et l’ordre de leur mise en oeuvre
  • au moment de la commercialisation pour montrer aux clients la direction choisie
  • à la fin de vie du produit pour préparer la transition vers la soution de remplacement

Qu’elle soit interne ou externe, la roadmap matérialise réellement la stratégie d’un fournisseur de technologie.

La roadmap, outil de pilotage
Pour un centre de développement, la roadmap donne de la cohérence à tous les chantiers menés en parallèle par les différentes équipes. Pour le manager, c’est un outil de pilotage qui lui permet de savoir à tout moment où il en est et d’arbitrer les priorités en cas de conflit.

La roadmap, outil de collaboration
Dans les phases amont de réalisation d’un produit, la roadmap est l’outil qui va permettre à la R&D et au marketing de travailler ensemble sur les fonctionnalités et caractéristiques de la solution en tenant compte de l’état de l’art technique, des ressources disponibles, des cas d’usage et de ce que proposent les concurrents.
Ce travail collaboratif permet à chaque département d’exprimer et de faire comprendre ses enjeux. Le résultat de cette démarche est une vision partagée et réaliste de l’objectif à atteindre.

La roadmap, outil de communication
Pour tous les acteurs du secteur high-tech, la roadmap est un moyen privilégié de présenter leur stratégie à plus ou moins long terme. Même s’il est bien conscient que rien n’est jamais gravé dans le marbre, le DSI peut malgré tout se faire une bonne idée de la direction que veulent prendre ses fournisseurs et adapter ses choix en conséquence.

 

roadmap

 

La roadmap de la DSI numérique
Pourquoi transposer cette pratique dans une DSI à l’ère du numérique ? D’abord parce qu’aujourd’hui, la DSI doit faire preuve d’une plus grande réactivité vis-à-vis de ses clients internes ou externes. Ensuite parce qu’elle doit adopter une nouvelle logique industrielle, plus agile, pour pouvoir satisfaire les demandes qui lui sont faites : elle doit passer d’une logique de gestion de projets à une logique de gestion de produits. Comment s’y prendre ? Il convient d’abord d’envisager d’élaborer non pas une seule, mais au minimum deux roadmaps : une roadmap stratégique et une roadmap opérationnelle.

La roadmap stratégique pour se rapprocher des métiers et de la DG
C’est elle qui va donner les grandes orientations du système d’information à trois ans. Elle peut s’articuler autour de trois axes :

  • un axe fonctionnel qui va décrire les nouveaux usages et services rendus
  • un axe applicatif qui va préciser les choix de solutions métiers
  • un axe infrastructure qui va fixer le socle technique du SI

L’élaboration de cette roadmap stratégique constitue une bonne occasion de se rapprocher des métiers afin de recueillir leurs besoins, mais également de les éduquer sur les opportunités business offertes par les technologies.

La roadmap opérationnelle, pour la coopération entre les équipes
La roadmap opérationnelle a pour objectif de présenter les projets qui ont un impact majeur sur l’entreprise et qui mobilisent les différentes équipes de la DSI, comme une montée de version d’ERP par exemple.

Comme pour la roadmap stratégique, l’établissement de la roadmap opérationnelle est l’occasion d’une véritable coopération entre les équipes concernées. C’est le moment de mettre à plat toutes les contraintes et d’essayer de converger vers une cible commune.

Une mise en place en trois temps
La réalisation d’une roadmap débute par le recueil des besoins/projets/exigences des différentes parties prenantes. Le mieux est de le faire sous forme d’interviews individuelles ou en groupe. Vient ensuite la phase de mise en forme. Une feuille Excel ou une présentation PowerPoint suffisent pour une première version. Arrive enfin la phase de négociation où les priorités vont être définies et partagées. L’idéal pour obtenir rapidement un consensus est d’organiser des ateliers collaboratifs dans lesquels chacun va pouvoir exprimer son point de vue et s’efforcer de trouver des compromis pour avancer.
Une fois que la première version de la roadmap est réalisée, il faut la diffuser largement pour que tout le monde soit aligné sur les objectifs définis.

Par définition, une roadmap est appelée à évoluer dans le temps. Il est utile de planifier une revue systématique, à intervalles réguliers, pour comparer la réalité avec les hypothèses prises au démarrage. Pour une roadmap stratégique, prévoir une revue semestrielle, pour une roadmap opérationnelle, une revue trimestrielle semble adaptée.

Définir les rôles et les responsabilités
Pour pérenniser cette pratique au sein d’une DSI, il est indispensable de définir les principaux rôles et responsabilités :

  • le pilote : c’est celui qui anime le processus. Il peut faire partie de la cellule PMO si elle existe. Sinon, un manager avec une bonne vision globale de la DSI et des qualités relationnelles avérées est tout indiqué.
  • les « roadmappers » : ce sont les personnes responsables de la pertinence et de la cohérence des informations qui figurent dans les roadmaps. Ils peuvent être chefs de départements IT, responsables métiers…
  • les contributeurs : ce sont les personnes habilitées par les roadmappers à alimenter et mettre à jour les informations des roadmaps.

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